L'amour de la lecture se dilue dans l'eau de temps modernes surexcités. On l'a vu lors d'un sondage récent chez les jeunes lecteurs et on le constate même dans les médias.

Ce livre de Daniel Canty est une célébration sans équivoque de plaisirs presque interdits. Slalomant habilement entre récit et essai, l'auteur fait partager ses désirs coupables qui vont de Borges à Melville, en passant par Ducharme, Calvino et des artistes d'autres disciplines qui l'ont touché.

Dans une langue belle et juste qui coule de source, Daniel Canty caresse le fond des choses de manière souvent surprenante et ludique. Ce grand voyageur parle de lui, mais surtout de lectures qui élèvent le quotidien et le passé au rang du mythe.

Si on lit entre les lignes de cet auteur brillant, on pourrait dire que la fiction fait du bien, la poésie guérit, et l'essai rend plus fort.

Çà et là, il y a bien quelques froides distances entre sa pensée et nous, pauvres lecteurs, mais le goût de lire reste intact. Notons que les textes du recueil ont été publiés auparavant dans la revue Bathyscaphe entre 2008 et 2013.

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La société des grands fonds. Daniel Canty. La Peuplade. 178 pages.